Cinq lois

Un article de Mw1.

Le fonctionnement d'une structure collaborative repose sur un processus interactif de coconstruction des diagnostics, des idées et des propositions. Ce concept est ancien, mais il est devenu pleinement efficient grâce au développement récent des technologies d’information et de communication. Toutefois, l’expérience accumulée a pu montrer que ce type de dispositif présente des difficultés opératoires importantes et est susceptible d’engendrer des effets pervers.

Cinq grandes lois empiriques ont été dégagées, auxquelles tout système collaboratif se retrouve soumis. Si l’on veut mettre en place une architecture participative pour élaborer un projet politique, il est particulièrement important d’éviter ces écueils, et de tenir compte de ces cinq lois comme des données incontournables. La non prise en compte de ces réalités aboutit toujours à l’échec du processus de construction collaboratif, en le condamnant à devenir inefficace ou illégitime.

Sommaire

La loi de l'explosion exponentielle

Une multitude de lieux de travaux et de discussions ne donne pas spontanément naissance à un corps de propositions structuré et argumenté. Une structure collaborative mobilise un grand nombre de citoyens,atomise les lieux de travaux en les multipliant, le risque est alors grand de générer un bouillonnement d’idées qu’il s’avère bien difficile d’exploiter. Incapable de traiter cette masse d’information, c’est l’instance qui a initié le processus qui finit par imposer ses vues initiales rendant le processus inutile.

La loi des erreurs inévitables

La certification des informations factuelles utilisées dans le processus est un problème délicat. En effet, le risque est grand de voir des propositions se développer à partir d’informations incomplètes, voire incorrectes, et se diffuser au sein des structures du réseau.

La loi de la maturation et de l'appropriation des idées

Tout travail de synthèse, d’analyse et d’élaboration d’un argumentaire aussi rigoureux soit-il n’atteint pas sa pleine maturité tant qu’il n’est pas passé au travers d’un processus long d’appropriation et d’amélioration par la communauté des individus concernés.

La loi des puissances de 10

Il s’agit d’une conséquence directe de la tendance d’un processus collaboratif à atomiser les lieux de travail. Le corolaire est qu’aucun système “plat”, c’est à dire ne présentant qu’un ou deux niveaux d’implication, ne peut regrouper plus de quelques dizaines à de l’ordre d’une centaine de personnes (typiquement la taille d’une grosse association).

La loi de Panurge

Il s’agit d’une tendance naturelle des masses à suivre un avis dominant, selon un effet de "caisse de résonance". Cela se produit généralement du fait de l'éloquence ou la forte légitimité de celui qui l'a émis, ou bien lorsqu'il s'agit d'une pensée communément admise. Le risque est alors que les travaux convergent sans que le groupe n'ait suffisamment exploré le champ des possibles, et se cristallisent rapidement sur une proposition qui n'est pas forcément la plus pertinente en réponse au problème à traiter ou à la question soulevée.